lundi 30 novembre 2009

MESSAGE DE GREGORY SAINT GENIES - WHISTLER ME VOILA...


26 octobre au 7 novembre : Whistler me voilà.

A l’arrivée, première impression : tout est magnifique. De l’avion le paysage était splendide et sur la terre ferme pendant ce long trajet en voiture ça se confirme. La ville tout d’abord, l’océan puis les montagnes, la nature dans sa plus belle expression. Justement la nature, seule ombre au tableau : la pluie. Je comprends pourquoi c’est aussi vert dans le coin. Il n’arrête pas de pleuvoir.
Je suis arrivé avec Tristan mais le Bobsleigh féminin n’est toujours pas là et conclusion on ne sait pas où loger. Après l’attente et de nombreux échanges téléphoniques, on arrive enfin à localiser le logement et à rentrer. Ce n’est pas très grand pour 6 (1skeletoneur, 3 bobeuses, 1 entraîneur féminin skeleton et 1 entraîneur masculin bobsleigh). En bas il y a un salon, salle à manger / cuisine et en haut trois chambres et une salle de bain. Je fais chambre commune avec Gerd (dans des lits superposés) et les filles se répartissent dans les deux autres chambres.
C’est pas grand mais c’est très confortable et je suis trop motivé et impatient de voir la piste que ça ne semble pas si important.
Lundi matin, ça y est. Aujourd’hui, team capitaine meeting et reconnaissance de la piste sont au programme. Les informations sont prises, 10 descentes par semaine pendant deux semaines à raison de deux par jour. 20 descentes et c’est tout pour connaître par cœur toute les subtilités de mon rendez vous olympique. La reconnaissance me mets en confiance. Les profiles sont ronds, la glace est magnifique mais je comprends pour quoi c’est la piste du « plus ».
Plus de vitesse, plus de cadence, plus de rythme, plus de pression. Tous les invités sont au rendez vous. J’ai hâte de tous les rencontrer.
C’est le grand jour. Je l’avoue je pars du départ dame pour la première descente mais mon égo se porte bien. On y va progressivement, deuxième descente du départ bob.
Je rentre sans pousser dans le virage trois. Je suis tout en bas dans les virages mais je sens que ça promet pour le départ du top. Les virages 4, 5, 6 et 7 s’enchainent sans trop de problèmes et ça accélère. Le V8 « une ligne droite pas droite » et déjà les V9 et V0 qui donnent de la vitesse sur le bas. Les deux gauches s’enchaînent et me laisse dans le V11, un grand virage à droite avec deux oscillations et deux pressions. Ca ne bouge pas et là c’est le rush V12, V13, V14, et V15 défilent dans un souffle et déjà le virage 16, beaucoup de pression et aussi deux oscillations, qui me délivre vers une ligne droite en montée au bout de laquelle se trouve l’arrivée.
Il faudra être dedans jusqu’au bout et ne pas faire d’erreurs jusqu’au dernier mètre.
Je freine, je suis au dock d’arrivé et du départ dame on dépasse déjà les 120 km/h. La sensation finale : du pur plaisir. C’est ultra rapide. Il y a de la pression mais tout en fluidité. La piste est un fabuleux terrain de jeu. Vivement la prochaine descente.
C’est mon tour, je suis sur la planche de départ pour ma première descente d’en haut.
Je dois le dire, je ne fais plus le malin. Quelques pas timides et c’est le grand show. Dès la piste de départ ça accélère et là, virage 1 pas le temps de dormir. Tout s’enchaine, ça cadence, mais je suis là. Je m’éclate.
J’ai été à bonne école. Mes débuts sur la piste de La Plagne m’ont donné de bons atouts. Le passage à Salt Lake city en débuts de saison porte ses fruits. Je suis Heureux d’avoir choisi la bonne stratégie. Tout se passe dans un éclair et en fluidité. Le monstre ne m’a pas dévoré. C’est une rencontre coup de cœur. La piste convient bien à mon style de pilotage. C’est le pied.
Les jours d’entrainements se succèdent. A chaque jours son nouveau travail, sa nouvelle recherche, j’œuvre de concert avec Tristan. Les lignes et les conduites nous apparaissent assez naturellement. Nous aurons identifié les points clefs à la fin de la semaine.
Maintenant, il faut affuter et tendre vers la perfection.
D’une manche à l’autre, je peux constater les fruits des changements que nous apportons. Dès fois sa marche et des fois … ça marche pas. Alors, on réévalue et on recommence. Notre petit duo fonctionne bien et il nous arrive d’attirer la curiosité des autres équipes.
C’est vrai ils sont plus nombreux, plus équipés et mieux dotés. Malgré cela, on s’accroche et à nous deux on arrive selon les jours à faire jeu égal ou à les dépasser, alors ça intrigue. C’est déjà le dernier entraînement de la semaine.
La journée de pause me fera le plus grand bien. En plus se soir c’est halloween.
On va faire la fête.
Le plus important : j’ai encré de très bon passage, le haut de piste est très performant et j’ai le bon rythme sur le labyrinthe et le bas de piste. J’ai aussi identifié les points clefs. L’enchaînement V6 et V7 pour lancer dans V8 et V9, ce bon virage 11 avec ses oscillations, enfin le V16.
Débuts de la deuxième semaine d’entraînement et le cascadeur qui est en moi s’exprime enfin.
Je suis premier du premier groupe à 9 heures du matin. Les deux ouvreurs se sont élancés et je me présente au départ. Je fais quelques pas maladroit sur la glace puis présente mon pied avec confiance sur la planche de départ et là surprise. Une fine pellicule de glace est présente sur la planche de départ. Ma surchaussure glisse. Je me retrouve en l’air à l’horizontal. Mon skeleton vole au dessus de moi, lui aussi à l’horizontal. Et là, un moment semble durer une éternité. Je suis en suspension au dessus de la planche et de la glace. Une idée me traverse l’esprit, protéger les patins, et comme le dit le proverbe, « le problème ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage ».Le temps reprend son cours et je m’écrase avec les 40 kilos de mon skeleton qui me retombe sur la jambe, patins en premiers. La douleur m’envahie mais le chrono est sur le point de partir. Heureusement tous les officiels sont là pour m’aider. Ils me donnent deux minutes de délai pour me remettre.
J’ai repris mes esprits. Cependant, les deux descentes qui ont suivi n’ont pas été exceptionnelles et j’ai reçu la promesse de garder les stigmates de mon aventure pendant plusieurs semaines.
Le lendemain matin, les bleus apparaissent. J’ai le tibia qui me fait mal et je pense que la gaine du tendon des fléchisseurs est enflammée. Là, je regrette de ne pas avoir de kiné avec nous. En plus, j’ai le dos et le bassin complètement bloqués. Pas le choix, il faut faire avec.
Comme les virages sur la piste, les jours passent à la vitesse : grand V. Je fais mes dernières descentes avant février prochain et je savoure chaque instant.
J’ai un schéma directeur qui me semble performant et le travail que nous avons fais avec Tristan portera incontestablement ses fruits. Les temps sont au rendez vous. Je suis à la bagarre avec les autres équipes. Maintenant, il reste à se qualifier. Les épreuves de coupe du monde pointent le bout de leur nez et il faudra faire le maximum pour être aux JO.
On démarre à Salt Lake City. L’objectif est de monter en puissance au cours des épreuves. Il faut progresser jusqu’à l’optimum de performance au moment des jeux et ne pas être prêt trop tôt ou avoir de coup de mou.
Demain, on prend l’avion pour l’Utah.

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